Un texte pour alimenter notre débat !

« La forme, c’est le fond qui remonte à la surface » Victor Hugo


A l'occasion des élections régionales 2015 des rassemblements citoyens s'engageant en faveur de la solidarité, de l'écologie et des valeurs de la démocratie se constituent partout en France.

Ces rassemblements peuvent être pensés et construits selon plusieurs méthodes différentes, nous en retenons deux : la méthode LOGO(S) et la méthode NO LOGO.

- Qu'est-ce que la méthode LOGO(S) ?

La méthode LOGO(S) c'est la méthode traditionnelle, que chacun connaît. Le parti politique procède à une consultation interne à l'issue de laquelle il décide de proposer des rassemblements citoyens. Il s'agit d'une méthode où l'acteur qui est à l'initiative du projet n'est donc pas le-la citoyen-ne, en tant que tel-le, mais le parti politique, ou, lorsque des échanges d'appareils ont lieu, un collectif de "forces politiques". Le parti politique décide par ailleurs souvent des candidats qu'il proposera.

Selon cette méthode le-la citoyen-ne ne participe pas à la première phase du projet, il-elle est invité-e à participer à sa deuxième phase, c'est-à-dire à celle de son élargissement. L'immense majorité des citoyens inscrits sur les listes électorales qui ne sont pas membres d'un parti politique sont laissés de côté le temps que le parti, ou les partis partenaires, pensent et décident du cadre, cadre identifié par leur-s logo-s.

- Qu'est-ce que la méthode NO LOGO ?

La méthode NO LOGO c'est la méthode inverse. Un groupe de personnes - qu'elles soient ou pas adhérentes d'une organisation- prend localement l'initiative de créer un rassemblement citoyen. Lorsque la réunion constitutive a lieu, les personnes qui sont membres d'un parti, d'un mouvement, détenteur d'une responsabilité politique, d'un mandat... laissent tout cela au vestiaire et chacun se présente, non pas en tant que représentant-e de telle ou telle organisation, mais en tant que citoyen-ne, tout simplement. Par la suite ce rassemblement n'utilise pas le ou les logo-s des forces politiques qui soutiennent la démarche, ce sont les citoyen-ne-s qui le constituent qui décident ensemble du logo qui va identifier leur construction collective.

Selon cette méthode le-la citoyen-ne est ainsi politiquement impliqué-e dans les deux phases du projet.

Nous proposons à ces rassemblements d'adopter la méthode NO LOGO de manière à ce qu'aucun parti politique -ou collectif d'organisations- n'en revendique la paternité ou la direction et que chaque citoyen-ne, encarté-e ou pas, puisse pleinement, et dès le début, s'impliquer et s'approprier la campagne.

Les organisations qui décident de participer au rassemblement y apportent leurs moyens financiers et leurs énergies militantes, enrichissent les programmes de leurs idées et de leurs contributions mais, à l'exception du logo unitaire, aucun autre n'est utilisé lors de la campagne et sur le matériel électoral (tracts, affiches...).

A titre individuel chacun est libre de se revendiquer des appartenances qui sont les siennes, de même qu'à titre collectif les organisations demeurent libres de revendiquer publiquement leur soutien au rassemblement mais à l'extérieur et non pas à l'intérieur du rassemblement.

Compte tenu de la crise sociale, démocratique et écologique à laquelle nous sommes tous confrontés, nos aspirations, nos peurs et nos espérances sont les mêmes. Le temps est venu de tourner la page du cloisonnement et des arrangements d'appareils. Un-e citoyen-ne égale un-e citoyen-ne.

Les rassemblements citoyens NO LOGO font la démonstration de leur aspiration novatrice, tant dans les idées que dans la forme, contribuent à redonner le sens et le goût de l'implication citoyenne, rappellent le beau travail sur la dignité humaine de Naomi Klein et renouent avec l'admirable esprit citoyen et unitaire du 11 janvier de cette année 2015.

Stéphane Cuttaïa, citoyen